Le maquis de la chaîne des Côtes
(Lambesc, Charleval, La Roque d'Anthéron)
Lambesc, Charleval, La Roque d'Anthéron sont des communes rurales proches de grandes villes comme Marseille, Aix-en-Provence et Avignon avec lesquelles de nombreux axes de communication leur permettent de communiquer. Ces communes comprennent d'une part des territoires de plaine et d'autre part des zones de colline qui correspondent à la chaîne des Côtes. Les résistants de ces trois villages de plaine ont vu dans les plateaux de Sèze et de Manivert (dit de Ste-Anne) un endroit propice à la mise en place d'un maquis du fait de leur relief escarpé et de leur végétation méditerranéenne dense.
Origines du maquis

C'est au début de l'année 1943 qu'ont eu lieu, dans la région de Lambesc, les premiers contacts des volontaires avec l'Armée Secrète pour l'organisation d'un groupe de résistance.
Tout se passe en secret jusqu'au 5 juin 1944.
Le mot d'ordre "Méfiez-vous du Toréador" reçu le 5 juin 1944 donne le signal de l'occupation du Maquis de la chaîne des Côtes.
Le groupe de Lambesc occupe le plateau dit de "la plaine du Sèze". Le groupe de Charleval et de la Roque d'Anthéron prend place sur le plateau de Manivert, plus connu sous le nom de "Sainte Anne".
Dans ces deux groupes se trouvent aussi des résistants de plusieurs villes et villages des environs (Mallemort, Aix-en-Provence Cadenet, Alleins, Marseille, Eyguières, Salon-de-Provence, Miramas...).

Organisation et buts des maquis

Le Maquis de la chaîne des Côtes faisait partie des Maquis placés le long de la vallée du Rhône avec entre autres ceux de Signes, Jouques, Vaison, Pierrelatte.

Organisés par des responsables, habitants du lieu, ils recevaient des instructions de Londres par l'intermédiaire d'agents de l'Armée Secrète . Ainsi, pour la commune de Lambesc, MM. Remondin, Guisiano, Artufel recrutèrent un groupe de volontaires dont Isaia fut le chef militaire.

Après l'appel du 5 juin 1944, les résistants rejoignent le maquis de la chaîne des Côtes (plateaux de Sèze et de Ste Anne). La vie y est difficile . Certains agriculteurs vont aider les maquisards à se ravitailler, mais la peur des représailles pour eux et pour leurs familles empêche de nombreuses personnes d'entrer en résistance plus active. et

Avant les débarquements des alliés prévus dans le nord de la France et en Provence, l'activité des volontaires consistait à :
- donner des renseignements sur les mouvements des troupes allemandes occupant la Provence.
- recevoir les parachutages d'armes et munitions, les mettre à l'abri, et les répartir dans les divers maquis de la région (Sainte Anne et Sèze, le Puy-Sainte-Réparade, Puyricard, Gardanne ...).

La réception se faisait par les résistants de Rognes et Saint Cannat, dans les collines de Valfère. La nuit de ces parachutages était donnée de Londres par radio au moyen de messages dont le sens n'était connu que des chefs partisans. Exemples de messages pour les parachutages : « Minuit Place Pigale », « Tu as le bonjour de Lolotte », « Les pommes sont cuites »...

Les résistants de Sainte Anne et du plateau de Sèze assuraient le transfert du matériel jusqu'au maquis de la chaîne des Côtes. le matériel était entreposé à la ferme "la Baraque" près de Saint Estève Janson, au Grand Sonnailler à Alleins et au Grand verger à Lambesc.

Immédiatement après les débarquements prévus, le rôle de ces maquis était de retarder, voire d'arrêter les convois de troupes allemandes :
-qui seraient éventuellement envoyées pour s'opposer aux forces alliées prenant terre en Provence (destruction des ponts, sabotage des câbles de communications, attaques des convois...),
- ou, inversement, qui se replieraient vers le Nord, pour renforcer leurs forces engagées sur le front de Normandie ( s'opposer à la destruction des centres téléphoniques, de ponts, de voies ferrées, qu'ils ne manqueraient pas de détruire pour gêner l'avance des alliés débarqués en Provence...). et et

Ces maquis ne pouvaient donc agir directement avec utilité qu'au moment des débarquements. C'est la raison pour laquelle les résistants n'ont rejoint massivement le maquis de la chaîne des Côtes qu'après le message "Méfiez-vous du Toréador" reçu le 5 juin 1944.

Avant ce jour, les résistants du maquis ne se connaissaient pas, en effet, ils ne fonctionnaient que par petits groupes (souvent des «sizaines ») par crainte, en cas d'arrestation et de torture, de divulguer le nom de leurs camarades. et et et


Si le débarquement des alliés en Normandie a bien lieu le 6 juin 1944, celui de Provence, retardé n'aura lieu que le 14 août 1944. Ce retard important donnera aux Allemands la possibilité de concentrer le gros de leurs forces et d'attaquer, les uns après les autres, les maquis de la vallée du Rhône.